Nous qui, depuis le premier
billet de La Quinzaine géopolitique,
disons et répétons que les grandes puissances ont pris d’assaut la stratosphère
au cours de la Seconde Guerre mondiale et qu’elles l’aménagent dans l’espoir de
mieux régner sur Terre comme au Ciel – nous saluons fraternellement Felix
Baumgartner, le premier homme à réussir tout
nu la traversée de ces espaces-temps d’outre-sphère et d’après la fin de
l’histoire !
Un Norvégien, Amundsen, en
posant le premier le pied sur le pôle Nord, avait mis fin aux Temps modernes
inaugurés par Christophe Colon. Un Autrichien, aujourd’hui, met fin à l’ère
Amundsen en plongeant en navigateur solitaire dans des mondes que ne
transgressaient jusqu’à maintenant que nos sondes et leurs longueurs d’onde.
Les voies des Titans restent décidément aussi impénétrables qu’au premier jour.
Les fils de Prométhée se suivent et répètent la règle de toujours :
obscures, leurs origines ! Les peuples d’Europe se disputent en vain
l’honneur de se prétendre la patrie du découvreur peut-être juif de l’Amérique,
Amundsen et Baumgartner viennent de nations modestes, anciennement glorieuses
et qui n’ont plus qu’un peu de neige en commun !
L’ouverture de la stratosphère
à l’homme physique qui la parcourt en
chute libre, sans le moindre radio-habitacle, vaut présage exceptionnel pour
l’époque. "Monde" : le sens même du mot le plus banal de notre langage déjà si fatigué
vient de changer - Icare, sous nos yeux, a de nouveau jeté le gant et lavé
l’indignité de sa mort de petit morveux œdipien. Avec lui recommence l'histoire de l'aérospatial : échappement libre ! Cordon coupé !
Felix Baumgartner, felix Austria ! Tous les hommes
sont tes frères : notre planète couturée de pipe-lines, accablée de
déchets ménagers et nucléaires, asphyxiée des immondices du surpeuplement, nos
cieux retournés et brassés par les turbines, les drones et les lasers, nos stades
pollués par les ripoux du doping de
masse, nos dimanches trottinés en jogging-pyjama – des forfaits sournois de
notre destin technique tu ne fis qu’une bouchée !
Felix, ni futuriste ni
somnambule : ange silencieux, chute heureuse, gravité rédemptrice !
J.-L. Evard, 15
octobre 2012
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